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Par définition, une roche magmatique provient de la fusion plus ou moins totale de matériaux terrestres. Cette fusion peut affecter le manteau ou la croûte, mais toujours à des profondeurs importantes, là où les conditions physiques le permettent. En règle générale, aujourd'hui et à l'équilibre, croûte et manteau sont solides, et leur fusion est due principalement à des anomalies de pression, de température ou à des variations des teneurs en eau. Cette fusion n'est jamais totale et seule une partie des matériaux entre dans la phase liquide, tandis que l'autre reste solide. De ce fait, le liquide obtenu n'a pas la même composition que le solide de départ. Dans le manteau, de composition péridotitique, ce liquide a une composition de basalte (ou gabbro) avec un taux de silice de l'ordre de 45%, alors que dans la croûte, de composition moyenne granodioritique, il a une composition de rhyolite (ou de granite) avec un taux de silice de l'ordre de 65 à 70%. Ce sont ces liquides qui sont à l'origine des grands ensembles plutoniques et volcaniques du Massif Central.
Des variations de température, de pression mais aussi de teneur en eau, liées entre elles ou indépendantes, peuvent donc provoquer la fusion de la croûte inférieure et du manteau. Les liquides ainsi produits, que l'on nomme "magmas", sont moins denses que les roches qui les entourent et ont tendance à monter vers la surface sous l'effet de la poussée d'Archimède. Cette ascension utilise différents mécanismes que nous ne développerons pas ici, mais on notera toutefois que le niveau que peut atteindre un magma dépend de sa densité et de sa rhéologie, c’est-à-dire de ses propriétés physiques et en particulier de sa viscosité, ainsi que de la tolérance des formations géologiques qu'il traverse. Il est clair qu'un système compressif offre moins d'opportunités qu'un système expansif qui est à l'origine de nombreuses failles "ouvertes" dans lesquelles le magma peut s'introduire facilement. En remontant vers la surface, le magma refroidit lentement et des cristaux s'y forment, le rendant de plus en plus visqueux, donc de moins en moins mobile. Cette dynamique explique que certains magmas ne peuvent atteindre la surface et finissent leur course en profondeur où ils formeront des plutons . D'autres, au contraire, atteignent la surface et s'expriment par des volcans. Les plutons et les volcans ont donc une même origine, magmatique. Toutefois, selon le contexte géodynamique qui peut être extensif ou compressif, selon la nature des magmas qui est directement liée à leurs sources, croûte ou manteau, un magma peut produire préférentiellement des plutons ou des volcans. L'existence de ces appareils à la surface de la terre est liée à l'histoire post-magmatique. Dans une province jeune, où il y a eu peu d'érosion, n'apparaîtront que les niveaux supérieurs du magmatisme, celui des volcans. Au contraire, dans les régions où l'érosion a supprimé plusieurs kilomètres de terrains, les volcans ont, bien entendu disparu et l'on verra apparaître les témoins profonds du magmatisme, c’est-à-dire les ensembles plutoniques. Au cours de leur trajet vers la surface (voir planche 9, a), les magmas peuvent s'accumuler dans des structures profondes où se constituent alors des réservoirs (ou chambres) magmatiques, qui sont en quelque sorte des points relais. Là, le magma peut séjourner plus ou moins longtemps avant de reprendre sa route vers le haut, être enrichi par de nouvelles arrivées de liquides profonds, ou tout simplement stagner et finir par cristalliser entièrement au cours d'un lent refroidissement qui aboutit à la formation d'un massif plutonique. Défini d’abord par la nature de la source qui lui a donné naissance, le liquide magmatique évolue sans cesse. En effet, les différents minéraux qui constituent une roche magmatique ne cristallisent pas en même temps. Certains se forment à plus haute température ou à plus haute pression que d'autres, certains ne supportent pas l'eau tandis que d'autres en exigent la présence. La séquence de cristallisation, c’est-à-dire l'ordre d'apparition des minéraux dans le temps, est le facteur essentiel de l'évolution chimique des magmas (voir planche 10). Imaginons qu’un minéral beaucoup plus riche en magnésium et beaucoup plus pauvre en silice que le magma soit le premier à cristalliser abondamment. La fraction liquide à partir de laquelle se forme ce minéral va automatiquement s'appauvrir en magnésium et proportionnellement s'enrichir en silice. Comme le minéral qui apparaît est généralement bien plus dense que le liquide, il aura du mal à suivre l'ascension du liquide et sera plutôt stocké dans les niveaux profonds. Utilisons une métaphore pour comprendre ce mécanisme. Imaginons qu'au marché une ménagère et son fils aient acheté 5 oranges et 5 bananes, et que sur le chemin du retour le fils mange une banane, puis une autre, puis une autre et ainsi de suite. Le panier, qui au début comportait 50% d'oranges et 50% de bananes, va évoluer. Quand l'enfant aura mangé une banane, il n'y aura plus que 9 fruits dont 5 oranges (56%) et 4 bananes (44%), puis 5 oranges (63%) et 3 bananes (37%) et ainsi de suite. Ce scénario peut s'appliquer ici en remplaçant le marché par la source, le panier par le magma, les fruits par les éléments chimiques et l’enfant par les minéraux. Dans ce cas, ce n'est plus un mais plusieurs enfants qui accompagnent leur maman, chaque enfant préférant des fruits différents et exprimant leur faim en mangeant à différents moments. On comprend que selon le lieu où se trouve la ménagère (chemin du magma, chambres magmatiques) entre sa source d'alimentation (le marché, la zone de fusion), et sa maison (la surface terrestre), la composition du panier (magma) peut changer considérablement. Il peut même être vide avant d'arriver à cette ultime étape (le magma a entièrement cristallisé). Le contenu du panier représente donc, dans notre exemple, la composition du magma, qui évolue à tout instant, et produit donc des roches différentes, dont les noms expriment à la fois la composition chimique et la composition minérale. Nous n'entrerons pas dans la complexité de la nomenclature précise des roches magmatiques, mais on signalera quand même que l'on donne des noms différents aux roches plutoniques et aux roches volcaniques, même si elles ont une même composition chimique. Avant de donner un aperçu sur les généralités de la classification et de la nomenclature des roches magmatiques, retenons que lorsque la source des magmas est le manteau terrestre, les produits magmatiques (roches) sont essentiellement des basaltes (volcans) ou des gabbros (plutons), et que lorsque la source est la croûte terrestre, ces produits sont essentiellement des rhyolites (volcans) ou des granites (plutons). Ces différences sont dues à la nature même de la source : la croûte est riche en silice et en alumine, comme les granites et les rhyolites, tandis que le manteau est pauvre en silice et riche en magnésium, comme les basaltes et les gabbros. Il arrive que des magmas d'origines différentes se mélangent plus ou moins complètement. On aura alors des roches intermédiaires, nommées hybrides. Le Massif Central est un lieu privilégié pour ces grands types magmatiques. La plupart des formations anciennes, qu'une érosion très importante a amenées en surface, sont des granites, tandis que les formations les plus récentes, peu érodées offrent une grande quantité de volcans basaltiques.
Il n'y a pas si longtemps, la nomenclature des roches magmatiques faisait état de plus de 1 000 noms différents, donnés en fonction de leur composition minéralogique, de leur structure et de leur localisation géographique C'était une véritable jungle où seul le spécialiste pouvait s'y retrouver. Depuis l'énoncé de la tectonique des plaques, qui précise remarquablement bien les contextes géodynamiques dans lesquels le magmatisme peut exister, et aussi depuis la multiplication des travaux de synthèse en laboratoire, on a tendance à limiter au maximum cette nomenclature. C'est cette version moderne et simplifiée que nous prendrons en compte. En règle générale une roche magmatique ne contient qu'un nombre très limité de minéraux différents, une dizaine tout au plus, et la plupart sont des silicates. Ces minéraux sont classés en fonction de leur abondance et de leur signification pétrogénétique. Les principaux d'entre eux sont nommés minéraux cardinaux car, à l'instar des points cardinaux qui nous servent à nous repérer, ils nous permettent de nous y retrouver dans le monde des roches magmatiques. Il s'agit : - des différentes formes de la silice dont le quartz est tête de liste, - des feldspaths, alcalins et feldspaths calco-alcalins (ou plagioclases), qui sont des silicates alumineux - des feldspathoïdes, qui sont également de silicates alumineux. Certains autres minéraux, généralement un peu moins abondants, accompagnent systématiquement ces minéraux cardinaux, et leur signification pétrogénétique est importante. Il s'agit des minéraux essentiels, qui sont des silicates ferromagnésiens. Ils appartiennent aux groupes des péridots, des pyroxènes, des amphiboles et des micas. Deux autres catégories concernent d'une part des minéraux qui sont presque toujours présents, mais en quantité négligeable, ce sont les minéraux accessoires, d'autre part des minéraux rares, que l'on ne trouve qu'exceptionnellement, ils sont dit minéraux accidentels. - parmi les minéraux accessoires, citons le sphène et l'allanite, le zircon, l'apatite, les spinelles, - parmi les minéraux accidentels, retenons le rutile, le grenat, les silicates d'alumine, le corindon, le saphir, la topaze etc. Nous utiliserons la nomenclature la plus simple, basée sur la présence des minéraux cardinaux, dont la signification géochimique est indéniable comme nous allons le voir. Pour cette raison, cette nomenclature, ou classification, est dite chimico-minéralogique. Le quartz et ses polymorphes (tridymite et cristobalite), ne sont constitués que de silice (SiO2). Ils témoignent d'un magma si riche en silice qu'elle ne peut se combiner intégralement avec les autres éléments. On dit alors que ces minéraux expriment une sursaturation en silice. Au contraire, les feldspathoïdes, dont le chef de file est la néphéline, NaAlSiO4 , témoigne d'une sous-saturation en silice puisqu'il n'y a qu'un cation Si pour deux autres cations (Na + Al). Quant aux feldspaths, qui se partagent en feldspaths alcalins (Na,K)AlSi3O8 et feldspaths calco-alcalins (NaxCa1-x)Al2-xSi2+x, le rapport [Si/autres cations] varie de 3/2 à 1, exprimant donc la saturation en silice de ces minéraux. Ces caractères, à la fois minéralogiques et chimiques, ont conduit à dresser un tableau à deux entrées, très simple d'utilisation. - En abscisses est porté le taux de saturation en silice, qui est exprimé par la présence ou l'absence de quartz, par la présence ou l'absence de feldspathoïdes. Notons que le quartz et les feldspathoïdes sont incompatibles et ne se rencontrent jamais ensemble. En simplifiant, on obtient 3 colonnes, celle des roches sursaturées en silice (avec du quartz), celle des roches juste saturées, sans quartz et sans feldspathoïde, et celle de roches sous-saturées en silice, avec des feldspathoïdes. - En ordonnées, le rapport entre feldspaths alcalins et feldspaths calco-alcalins, qui exprime un caractère plus ou moins alcalin ou plus ou moins calcique. Toujours en simplifiant, on peut dresser 3 lignes, la première pour les roches alcalines, dans lesquelles les feldspaths alcalins sont nettement plus abondants que les feldspaths calco-alcalins, la dernière où c'est l'inverse, et une ligne intermédiaire pour les roches dans lesquelles feldspaths alcalins et feldspaths calco-alcalin sont dans des proportions voisines. Neuf cases sont ainsi établies, chacune d'entre elles correspondant à un type chimico-minéralogique donné, avec un nom pour la roche plutonique, un autre pour son homologue volcanique.
NB: caractères droits pour les roches plutoniques, italiques pour les roches volcaniques. Abréviations : .trachyb = trachybasalte , trachya = trachyandésite. Dans cette classification, gabbros et diorite ainsi que basaltes et andésites sont dans la même case. Il faut faire intervenir les minéraux essentiels pour les différencier. Les gabbros et les basaltes sont généralement à pyroxène ± péridot mais sans amphibole, tandis que les diorites et les andésites sont à amphibole ± pyroxène mais sans péridot. Pour une définition plus précise, on fait suivre le nom des roches par les noms des phases minérales associées; par exemple granite à biotite, granite à amphibole, syénite à pyroxène, basalte à olivine, basalte à olivine et pyroxène etc. Cette classification ne peut pas, bien sûr, être utilisée lorsqu'il n'y a pas de minéraux cardinaux ou lorsqu'ils sont en très faible proportion, moins de 10%. Dans ce cas, le nom que l'on donne à la roche correspond au minéral (non cardinal) le plus abondant. Par exemple, on a affaire à une péridotite lorsque les péridots sont prédominants, à une pyroxénite lorsque ce sont les pyroxènes, à une biotitite lorsque c'est la biotite, à une grenatite lorsque ce sont les grenats etc. C'est la structure des roches qui permet de reconnaître le caractère volcanique, filonien ou plutonique d'une roche. Les noms des structures correspondent à différents degrés de cristallinité : - du verre lorsque le magma n'a pas eu le temps de cristalliser et a été brutalement figé à sa sortie; c'est le cas des obsidiennes. Notons que le verre est un état instable et qu'il est très sensible à l'altération. Cette structure est dite hyaline ou vitreuse, - une pâte plus ou moins sombre lorsque la roche est faite de cristaux tellement petits qu'on ne les distingue pas à l'œil nu, rarement au microscope optique, et pas toujours au microscope électronique. La nature cristalline est toutefois mise en évidence par la diffraction de rayons X. Cette structure est dite aphyrique ou cryptocristalline, - des petits cristaux difficilement visibles à l'œil nu, mais bien visibles au microscope; on dit alors que la roche est microgrenue, - de gros cristaux bien visibles à l'œil nu ; c'est le cas des roches grenues. - porphyrique signifie qu'il existe des cristaux géants par rapport aux autres. Pour une roche volcanique, au grain très fin, l'adjectif porphyrique peut désigner des cristaux de quelques millimètres de diamètre, mais pour une roche plutonique, au grain grossier (grenu) il désignera des cristaux de plusieurs centimètres, - aplitique désigne une roche qui n'est constituée que de très petits cristaux , - pegmatitique désigne une roche constituée de cristaux géants. D'autres mots, qui définissent plus précisément l'état de compaction des roches magmatiques, viennent compléter cette panoplie descriptive. - tufacé (de tuf désigne le résultat de l'induration de cendres volcaniques qui sont les particules meubles les plus fines émises par un volcan, - scoriacé (de scories) désigne des fragments plus ou moins soudés, résultant de la projection d'un magma encore très liquide. Les célèbres bombes volcaniques appartiennent au groupe des scories, - vacuolaire signifie que la lave contient des vides, de forme généralement ovoïde, qui correspondent au piégeage de bulles de gaz lors de l'éruption. Les vacuoles sont souvent étirées dans le sens d'écoulement de la lave, - compacte qualifie une roche sans vacuole, - miarolitique, désigne l'existence d'espaces vides (miaroles) entre certains cristaux, les limites sont anguleuses et rectilignes. C'est l'équivalent plutonique du mot vacuolaire des laves, et cela témoigne donc de l'abondance des gaz en fin de cristallisation.
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